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A 6h45 je me réveillais au doux son de « Tik Tok » de Kesha… Après quelques étirements, me voici debout. Quelques minutes plus tard, Missy, une des américaines rencontrées hier soir, m'apporte un café. Du coup, j’en profite pour prendre mon petit-déjeuner : des bolacha maria intégral trempés dans le café au lait avec toujours et encore cette vue magnifique. Peu après il est temps de défaire le camp et refaire le sac.
Très vite il est 7h30, mon sac est prêt, j’ai un litre d’eau pour tenir jusqu’au prochain village à 6 Km. Un dernier café chez Mertxe et hop, en route. Comme tous les matins, je prends mon temps et ça tombe bien : ce sont les deux derniers kilomètres jusqu’au sommet de l’Alto del Perdon et j’ai pas mal de gens à qui penser depuis ma naissance jusqu’à mon départ pour Compostelle. Tous ceux qui m’ont fait souffrir, y compris moi-même, y passent, gentiment. La montée me prend presque une heure. Je retrouve ma douce Azucena en haut, douce Azucena qui m’a laissée seule, seule avec mes douleurs d’antan, comme elle savait que je le souhaitais.
On admire quelques minutes la vue, les statues de fer représentant les pèlerins, les éoliennes qui ont remplacé les moulins à vent de Don Quixotte et c’est reparti pour une longue descente assez ardue de presque 4 Km pour rejoindre Uterga.
On se pose dans une jolie auberge pour un café et je déguste ma banane, comme tous les jours à l’issue de mon 6ème kilomètre. On a décidé de faire le crochet par la belle et mystérieuse petite église d’Eunate (architecture atypique, XIIè, construction attribuée aux templiers) et on l’atteint vers les 12 :30 sous un soleil de plomb.
C’est l’heure du pique-nique : je termine mon riz aux lentilles de la veille, ainsi que mon fromage. Je mâche lentement, appréciant chaque bouchée en silence. Je réapprends à manger ! Bonheur !
Vers 13h30 nous repartons. La chaleur est écrasante et ça monte ! On atteint Obanos, dégoulinantes, mais on s’extasie tout de même sur la beauté de ce petit village. On y rencontre Romi, une vieille dame souriante de Pamplona venue visiter une amie souffrante. Nous discutons du pèlerinage et elle nous demande de prier pour elle à Compostelle. C’est très émue qu’elle nous salue d’un « Buen Camino ! ».
3.6 Km plus tard, nous atteignons Puente La Reina mais notre auberge, celle qui nous a séduite avec la mention « piscine » est à l’autre bout de la ville, soit 2 Km plus loin, après le pont des pèlerins… C’est épuisée que je passe le pont. Et là, horreur : l’auberge est… 350m plus loin, tout en haut d’une raide côte, très raide côte, horrible côte… Faire demi-tour n’est pas une option.
Au final, après une délicieuse douche brûlante et quelques non moins délicieuses longueurs dans l’eau glacée de la piscine, je suis tombée dans une longue et merveilleuse sieste, de 18h à 21h… ça tombe bien ! Je n’avais ni l’envie ni l’argent de me taper le menu du pèlerin… Les frites, ça va bien cinq minutes et « j’en mange toute l’année à Paris » (clin d’œil à qui saura…). J’ai donc dîné sur le pouce : un peu de pain, des sardines, un fruit et j’étais rassasiée.
En écrivant mon journal, j’ai rencontrée madame Terminator : Yolande, 60 ans, en paraît 48, grande randonneuse, fait le camino tous les ans, au moins 700 Km à chaque fois, increvable, une machine. Aujourd’hui elle a fait Trinitad de Arre à Puente La Reine soit… 29 Km, peinarde, incluant le ridicule Alto del Perdon… Total respect. Bon après, elle représente bien un type bien particulier de pèlerin (je vous parlerai des autres plus tard) : le faux sage / vrai vantard. Elle sait mieux que les autres, marche mieux que les autres, elle, elle a le vrai esprit du chemin, pas comme les autres. Ha vraiment les autres, ils comprennent rien… Elle a pas tort… Vous comprendrez plus tard. Mais tout est dans le ton… tout est dans le ton !! 23h, je me termine le magnifique CD d’Elie, je suis émue, mais le sommeil est là !
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