Profile
Blog
Photos
Videos
Et pourtant, j'étais presque sûre d’atteindre Estella ! C’est morte de fatigue, totalement éreintée que je me pose à Villatuerta… 4 Km avant mon objectif. Mais franchement, je me sentais incapable de faire cette dernière heure de marche. A ceux qui oseraient se moquer, je signale au passage que, selon mon guide, j’ai fait 111 Km à pied en une semaine, avec un sac d’environ 14-15 Kg en moyenne… Viendez les faire mes petits merles moqueurs, viendez !!
Ca avait pourtant bien commencé : j’étais debout à 6h. Mon sac était prêt à 6h45. Déjeuner pris à 7h et c’est le départ. D’abord du plat puis ça monte. Ca monte encore. Ca monte toujours. Je râle sur les derniers mètres, j’en chie. Premier village, je ne m’arrête pas car j’ai prévu de me poser à Cirauqui pour pas mal de choses : retirer des sous, acheter deux ou trois fruits, des cigarettes (je fume trois fois moins, étonnant non ?).
Mauvaise surprise : le village est en effervescence pour cause de fête… pas un bar ouvert, le bordel. Je continue donc, porte-monnaie tout de même renfloué, fruits en poche et décide de m’arrêter sous un arbre à l’ombre, dès que possible. Je fais encore deux kilomètres sous le soleil brulant avant d’en trouver un : un olivier !
Je me pose 45 minutes environ : journal en retard, cigarette, crème solaire, orange et… tchatche avec mon Gonzalo que je n’arrête pas de croiser et recroiser !
Les trois kilomètres suivants sont exténuants. J’arrive à Lorca telle une grosse loque et je retrouve Azucena (pas mieux !) et Gonzalo au bistrot… De nouveau, une heure de pause. Ca peut vous sembler beaucoup mais je ne pouvais pas faire moins. Courage à deux mains : il me reste huit kilomètres jusqu’à Estalla… mais je n’y arriverai pas… Arrivée à Villatuerta, l’appel de l’auberge voisine est trop fort. Grand bien m’en fasse : elle est MAGIQUE. Je me crois au Brésil, les hamacs me tendent les bras, la patronne est brésilienne, la maison est superbe et on doit être six ou sept…
J’y retrouve d’ailleurs Madame Terminator et j’y rencontre son homologue masculin : Jean, 66 ans, breton, marin pêcheur à la retraite. Le sport, c’est venu à 60 ans et depuis… Quatre fois la diagonale des fous, de nombreuses autres marches et maintenant Compostelle.
Il m’a fait hurler de rire : au téléphone avec sa femme, il pestait avec son fort accent breton : « ils nous font passer devant leurs putains d’églises avec leur camino… Ils feraient mieux de nous dire où y’a des bistrots d’ouverts ! ». Il a fait 40 Km aujourd’hui. Demain, il se la joue cool : il n’en fera que 33… Bande de GRANDS MALADES !!! Bon, j’en peux plus moi, j’vais m’coucher.
- comments