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Etape d'hier : Viloria de Rioja - Montes de Oca : 22 Km...
Etape d'aujourd'hui (pour le moment) : Montes de Oca - Agès : 14.5 Km
Ca me semble être une riche idée la rédaction du journal aux heures chaudes... Ca fait déjà ça de moins à faire le soir ! Et oui, faut pas croire mais nous les pèlerins, on est débordés ! Histoire de vous situer un peu, quand on arrive à l'auberge, on fait tous les mêmes choses. Simplement l'ordre est différent selon l'état de fatigue et/ou de sueur... :
- défaire son sac
- préparer son lit
- prendre une douche
- laver son linge
- étendre son linge
- ranger son linge
- se masser les pieds / les soigner
- faire la sieste
- boire une bière
- tchatcher avec les autres
- écrire son journal
Ensuite, selon son degré de flemme, soit on se pose les pieds sous la table pour diner quelque part (auberge ou autre), soit on va acheter à manger et on cuisine (la plupart des auberges ont un coin cuisine à disposition des pèlerins) ... donc vaisselle...
Si on rajoute ça à d'autres tâches pour les pèlerins à particularité, ça peut donner :
- nourrir son âne / chien / cheval
- galérer pour savoir où on peut se poser avec son animal...
- monter sa tente...
Bref on est occupés. Et fatigués.
J'ai finalement quitté Tosantos hier à 15h et ai mis 3h pour faire les 7 Km jusqu'à Villafranca de Oca (le village à deux Km de la forêt, ma destination finale). Je me suis arrêtée un peu partout (à l'ombre !!). A chaque fontaine, je mouillais ma casquette et mon chèche. Quelle chaleur !
Une fois là, je savais qu'il ne me restait que 2 Km. Je me suis donc posée dans un bistrot pour apprécier la bière devenue quasi rituelle, ainsi qu'un sandwich : en fait je n'ai quasiment rien mangé de la journée : un petit-déjeuner et trois abricots. Il est 18h et je meurs de faim.
Peu après, trois américains se joignent à moi : Allan - le papa, Joseph et Joshua - ses deux fils. Ils sont de Seattle et font le camino ensemble... Quality time avec ses fils, clairement ! Sympathique bonhomme, il m'offre une bière et il est donc 19h30 quand je prends congé.
Je ne vous cache pas que les deux derniers kilomètres, bien sûr en côte extra raide, furent assez éprouvants. Mais le jeu en valait la chandelle, l'endroit est magique, la fontaine est très fraîche.
Après 5 minutes de pause, je m'occupe de ma tente : "ne pas être fainéant en rando, Nadège !". Puis c'est la douche... Enfin... ce que peut être une douche à la fontaine : nue comme un vers, je m'asperge d'eau froide puis me savonne (savon nature-friendly !) et me rince. Quel bonheur ! Quelle sensation incroyable ! A en regretter de ne pas avoir le courage de prendre une douche froide dans les auberges. Ensuite vient le moment de diner. Je lave et prépare mon riz, y mélange les haricots blancs achetés ce matin. Je me déguste ça avec de la ventrèche de thon. Un vrai bonheur !
Pendant ce temps, le soleil se couche, les oiseaux aussi et je sens que je ne vais pas tarder. Après tout, il est déjà 21h45. Je profite encore un peu du paysage magique : de la forêt à perte de vue, majoritairement des chênes. Comme c'est triste que cet endroit ait pu être un tel coupe-gorge. C'est presque inconcevable au spectacle d'une telle beauté. Je m'endors en écoutant Scott Matthews et son excellent album "Passing Stranger".
Une nuit agitée plus tard, je me réveille à 5h30 et commence la journée en me régalant du lever de soleil sur la forêt. Bonheur !
C'est à 5h47 que les deux premiers PGV passent devant ma tente, passablement agacés, visiblement, que quelqu'un ait pu oser prendre 2 Km d'avance sur l'étape suivante. Bande de malades ! Ils se sont levés au plus tard à 5h pour être devant ma tente à cette heure ci. Et puis la lampe torche, c'est vrai que c'est idéal pour profiter du paysage !
Le temps de plier bagage et de manger un peu, il est 6h45. Beaucoup de pèlerins sont déjà passés devant moi, me regardant comme s'ils voyaient une fille démonter une tente pour la première fois de leur vie...
***
Me voici après trois bonnes heures de sieste. Et oui, finalement, je suis restée à Agès. Dès le départ, ce matin, j'ai senti que ça n'allait définitivement pas être une journée à 27 Km, ni même 20 ! Epuisée au bout de 10 minutes, c'est bien la première fois depuis mon départ que je n'avais pas le sourire. Cette forêt m'a semblé interminable jusqu'à San Juan de Ortega. Et pourtant il n'y a que 11 Km. J'ai eu le sentiment de marcher pendant 6h. Il m'en a tout de même fallu 3...
Après 1h30 de pause dans ce minuscule village à l'impressionnante église, je me remets en route. Agès n'est qu'à 3.5 Km mais je trouve tout de même le moyen de me poser à l'ombre d'un sublime chêne, la vue étant magnifique et la perspective d'une sieste sous un chêne très attractive...
Au final, j'arrive à 14:00 à Agés. Je n'en reviens pas moi-même. J'ai du dormir une heure... il me reste 8 euros en poche et la prochaine banque est à Burgos... Et pourtant je me pose sans faire attention à l'auberge municipale... qui prend la carte bleue ! Youpi !
Crevée comme j'étais, je me suis enfilée deux trois tapas et c'est après avoir écrit la première partie de cette étape dans mon journal que j'ai décidé de m'arrêter ici aujourd'hui. Tant pis pour Burgos avant midi demain... J'ai un compte ouvert à l'auberge ici. "Mettez ça sur ma note !". J'adore.
Je suis partie donc me vautrer dans mon lit, en culotte et t-shirt, la douche sera pour plus tard. Il fallait VRAIMENT que je dorme. Réveil à 19h00, douche, diner à l'instant. Je n'ai vraiment aucun doute quant à ma capacité à me rendormir dans une petite heure, comme une bienheureuse.
J'ai eu Chris au téléphone : "tu devrais prendre tes journées de repos comme je te l'ai dit ! Pas étonnant que tu soies crevée !". Bon ben ouais. Mon frère m'a aussi envoyé un SMS : "take a day off !". Il a fait le Dakar. Eux aussi prennent une journée de repos. CQFD.
Demain Burgos, insha Allah ! Mais pour l'heure, reprendre des forces...
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