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Dure journée aujourd'hui ! Ces 25 Km m'ont paru en être au moins 35... Plusieurs causes à cela : d'abord, quand on quitte Castrojeriz, environ deux kilomètres plus tard, on se retrouve à grimper sec (12%) sur environ 3 Km. Ca fait les jambes dès le matin... Moi qui disait à Azucena que j'aimerais bien voir si la première étape (St Jean Pied de Port - Roncevaux) serait aussi dure avec notre entrainement actuel, eh bien, j'ai été servie... Oui, oui, quand ça grimpe sec c'est toujours aussi dur, croyez-moi. Heureusement, ici, ce n'était que 3 Km. Une fois en haut, le plateau est très court et redescend presque immédiatement en pente très très raide. Décidément, la journée commence bien !
4 Km plus loin, c'est la "fontaine du pou", où un type du coin propose thé, café et fruits. Pas de prix, on donne ce que l'on veut. Salutaire car, bien que nous soyons parties à 6h, il est déjà 9h... D'habitude, à cette heure là, j'ai déjà fait au moins 10 bornes. Là mon compteur marque un pénible 7.5. C'est pas gagné, d'autant que le vent est de la partie, vent d'ouest, donc de face et pas chaud du tout le vilain ! Je récapitule : côte raide, descente très raide, vent violent et froid dans la tronche. La cerise sur le gâteau ? Oh oui ! Un chemin caillouteux, très désagréable pour les pieds, qui me ralentit fortement. Pas gagné, j'vous dis.
Moins de 2 Km plus tard, on tombe sur un petit ermitage magnifique, transformé en refuge pour pèlerins, juste avant le superbe pont roman à 11 arches qui nous fait quitter la province de Burgos et entrer dans celle de Palencia. C'est en visitant l'ermitage que je tombe nez à nez avec Lucas, le jeune petit britannique, celui qui avait fait cet affreux cauchemar à San Bol, celui dont j'avais soigné l'énorme ampoule au pied ce soir là, puis de nouveau le lendemain lors de la pause de San Anton. Il était reparti en tongs, ne pouvant vraiment plus remettre ses chaussures de marche. Et voila que je le retrouve seul, sans ses amis qu'il doit rejoindre... en bus ! Et oui jeune homme, on te l'avait dit pourtant ! Rien ne sert de courir...
Il jouait d'une guitare trouvée à l'Ermitage, des mélodies mélancoliques, au milieu des vieilles pierres et des madones. C'était magnifique. Mignon petit gars qui aurait pu être mon fils. On a joué deux ou trois morceaux de guitare ensemble et de nouveau, c'est le départ. Salut Lucas ! Repose toi bien petit gars...
Encore 2 Km et c'est ENFIN Itero de la Vega ! Premier village depuis Castrojeriz ! J'ai l'impression de marcher depuis des heures. Ha... ben c'est pas une impression en fait. Il est 10h20. J'ai fait 10.8 Km en 4h20... hum... Je me remets en route vers 11h15. Et là, c'est parti pour 8 Km difficiles : c'est plat, c'est tout droit mais... le chemin est très très dur sous les pieds et ce vent va me rendre dingue très vite.... Le vent qui rend fou. J'en avais entendu parler un peu partout dans le monde de ces vents qui atteignent le moral des gens. Je l'ai expérimenté aujourd'hui. Dur, dur.
Exceptionnellement, j'ai donc décidé de me faire accompagner par les merveilleuse mélodies de Milton Nascimento. Ce paysage m'en donnait vraiment envie. Milton et personne d'autre. Quand le morceau "Eu sou uma preta velha aqui sentada ao sol" (je suis une vieille noire, ici, assise au soleil), je me suis assise au soleil et j'ai contemplé ces paysages magnifiques, la danse du vent dans les champs de blé, à perte de vue, les éoliennes qui dansaient aussi au loin, très au loin. Moment magique. Absolument. Mais il faut repartir.
Quand j'arrive à Boadilla del Camino, finalement, j'y retrouve Azucena, épuisée, qui tente de résister à la tentation d'arrêter là pour la journée. 19 Km c'est déjà pas mal, non ? Elle aussi a souffert du chemin caillouteux et du vent. Il est 14h30. Oui, clairement, ça nous a ralenties ! Il nous faudra une heure pour rassembler le courage de repartir. Plus que 6 Km ! Et ils seront beaux ! Le chemin passe le long du canal de Castilla, frère jumeau du Canal du Midi, preuve irréfutable des besoins en irrigation de la région et donc de son aridité naturelle. Pas tendre pour les pèlerins.
Ce sont Bob Marley et Toots & the Maytals qui m'accompagneront sur ces derniers kilomètres. La musique fut salutaire, le pied de nez nécessaire à ce vent furieux.
Le chemin a déjà mangé quelques pèlerins. Deux morts dont je connais la nouvelle : un homme de mon âge, mort de déshydratation (incompréhensible ! Il y a des fontaines partout !) et un japonais de 67 ans, mort d'un arrêt cardiaque en arrivant à l'auberge. Le chemin est parsemé de mini "memorials" (c'est quoi le mot en français bordel ?!) aux pèlerins dont le chemin s'est arrêté plus tôt que prévu... Ils sont là pour nous rappeler... pas mal de choses...
C'est à 17h30 qu'on arrive - ENFIN - à Fromista. Cela fait donc presque 12h que l'on est parties. Longue journée je vous dis ! Il est 20h. J'ai diné légèrement, pas faim du tout. Azucen dormait quand j'ai quitté l'auberge. Peut-être dort-elle encore. Quant à moi, j'ai quelques courbatures aux mollets et aux cuisses. Ca fait plaisir ! J'avais presque oublié ce que c'était !
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Lu sur le Camino : Sur le chemin, vous donnerez des objets, vous en oublierez d'autres et soudain, il ne vous restera que ce dont vous avez besoin.
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Poème à deux balles du jour : Si le temps est gris, le pèlerin sourit. Si le soleil cogne, le pèlerin grogne !
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Petite note avant d'oublier : BORDEL ! Sur ce chemin, les églises font des concours de beauté ! Je suis complètement sous le charme ! Quelles merveilles... Ca réveille la chrétienne en moi, foi de Nadège !
- comments
mom les églises font des concours de beauté!!! matérialisme !!!est ce le discours de quelqu un que l on appelle jésus??? Non!!! , humilité,devant cet univers incroyable , et devant lequel certains hommes se croient tout puissants!! les pauvres !!.On ne revient jamais de compostelle .et je t admire de l avoir fait.tendresses