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Bon. Ca y est. J'y suis. La moitié du camino accomplie ! 390 Km faits en trois semaines ! Comparé aux autres marcheurs c'est peu mais comparé à moi-même, c'est énorme !! Je n'en reviens pas, moi l'anti-sportive par excellence, la grosse feignasse récidiviste, la larve de salon, la loque du mac book pro, de Facebook et Castleville… Je viens de faire 390 Km à pied et j'en redemande ! C'est incompréhensible !
J'ai quitté Carrion ce matin vers 6:15. Très vite j'ai réalisé que ça allait être une journée similaire à celle où j'ai souffert en traversant la forêt. C'est un peu comme si le corps se mettait en grève et t'annonçait, de concert : "aujourd'hui, j'ai vraiment, vraiment pas envie !". Il semble clair qu'il me réclame un jour de congé et bon, on n'est pas des sauvages non plus hein : 21 jours sans repos, ça gueulerait normalement à moins donc, c'est de bonne guerre. J'ai pu voir dans mon petit bouquin qu'à Calzadilla il y a une auberge de pèlerins et un hôtel. J'envisage donc de dormir le premier soir à l'auberge et le deuxième à l'hôtel… A voir si j'y parviens !
Très vite après Carrion, je me retrouve sur un sentier totalement rectiligne et plat : je n'en vois pas la fin. Souvent on dit que le chemin représente la vie : parfois varié, parfois monotone, parfois difficile, parfois simple. Des rencontres, des adieux, des retrouvailles. De la solidarité, de la solitude…
J'ai toujours fui la routine, toute ma vie. Les choses trop installées m'ont toujours angoissée après m'avoir effrayée. Or ici, pas moyen de la fuir cette routine, cette monotonie angoissante et épuisante. Mon seul autre choix est de prendre un taxi et l'envie est claire ! Mais non ! Pas question ! Cela fait partie du camino…
Je m'arrête très souvent, trop souvent. Au bout d'une heure, 15 minutes. 45 minutes plus tard, James, mon américain jazzman rencontré la veille, prend son petit-déjeuner sur un tronc. Je le rejoins. Mes redémarrages sont à contre-coeur.
Au bout de 9 difficiles kilomètres, il y a une buvette. Incroyable ! Alors que la route indique qu'il n'y a RIEN sur 18 Km, un type a monté sa buvette… Encore un bon prétexte pour s'arrêter tiens ! J'y découvre, outre les gérants, une magnifique boxer bringée toute jeune avec qui je vais jouer facilement une heure…
(suite écrite le 2.07 au matin)
A contrecoeur, je repars. Encore 8 interminables kilomètres à faire. C'est fou comme les jours se suivent et ne se ressemblent pas ! D'habitude, je les avalerais comme qui rigole et là, je peine comme une malheureuse… Et pourtant, je dois bien avouer que j'avais de la chance : si le soleil brillait, les nuages m'ont protégée de sa chaleur pendant toute l'étape. Je finis - enfin - par arriver sur le coup des 13h. L'auberge est très mignonne, il y a une piscine et un jardin. Un des hospitaliers, Matteo, jeune italien d'une vingtaine d'années, me propose de rester à l'auberge le deuxième jour plutôt que d'aller payer 30 euros à l'hôtel… Chouette ! Normalement les auberges ne te laissent pas rester deux nuits. Il faut croire que j'ai bien choisi mon endroit !
Tout de suite après la douche, je me mets au lit… Ma lessive attendra demain ! Je dors 3 bonnes heures, c'est donc confirmé, j'ai besoin de repos !! Malheureusement ce soir, c'est la finale de l'Eurofoot, Espagne/Italie. Le foot m'indiffère, voire m'agace mais la perspective de regarder cette finale en Espagne, au seul bar du village, où, clairement, tout le village sera réuni, avec, bien sûr, son lot de pèlerins.
L'arrivée tardive à l'auberge d'une bonne dizaine d'italiens (voir la description du troupeau dans les pages précédentes) bruyants, sans gêne et visiblement sans aucune conscience de la présence d'autres pèlerins (comme celui dans le lit voisin du mien qui me réveille en téléphonant à je ne sais qui et parlant comme s'il était tout seul…) me donne encore plus envie de voir les espagnols leur mettre une énorme branlée ! Quel plaisir d'être exaucée ! J'étais de toute façon pour l'Espagne, quelle que soit l'équipe adverse ; je suis sur le Camino en Espagne et clairement, ils seront de meilleure humeur s'ils gagnent !
Vers 19h, je me rends au bistrot/restaurant/hôtel où les pèlerins dinent. Je me fais gentiment draguer (je crois…) par un très très mignon petit serveur… Miam ! Après le diner, le match a commencé. Je vais fumer dehors et mon serveur me rejoint (ha ! je ne suis pas folle !) : il préfère ma compagnie au match (mais oui, bien sûr !). Il s'appelle Charlie… pas espagnol, lui dis-je. Non ! Brésilien ! Aaaaaahhhh ! Un brésilien à 200 Km à la ronde et bien sûr, il est pour moi ! La perspective du repos absolu s'amoindrit… Mais ce n'est pas pour me déplaire.
Mes impressions se confirment pendant la branlée intergalactique que les espagnols mettent aux italiens et, pour finir, je ne dormirai pas dans mon petit lit de dortoir cette nuit-là ! J'y retourne cependant au petit matin pour finir ma nuit quand Charlie, lui, va ouvrir le restaurant pour le petit déjeuner, un tantinet fatigué, le pauvre :-)
Et me voici, matinée du 2 juillet, au bistrot, à voir mon brésilien crevé en train de bosser sans s'arrêter… et me servir cafés et tapas à l'oeil. Dure ma vie ce matin !
J'ai eu le plaisir, durant la matinée, de voir débarquer une petite japonaise que j'avais rencontrée à Zariquiegui. Je l'avais croisée de nouveau à Ventosa en piteux état : avec ses chaussures pile à sa taille et une grosse paire de chaussettes, elle s'était fait une infection au pied qui montait jusqu'au genou. Antibiotiques, bus, quasi abandon ! Le lendemain de Ventosa, je la retrouvais à la pause, à Najera. La pauvre choupette souffrait des jambes et des épaules. J'ai donc pris une bonne demi-heure de mon temps pour lui transmettre mon petit savoir hérité de Chris : comment porter son sac sur les hanches pour libérer les épaules et… comment JETER ses énormes godasses et acheter des légères, 2 tailles au dessus, à porter très très peu serrées… Elle s'est pointée ce matin à Calzadilla et s'est littéralement jetée dans mes bras en me voyant… Après 300 000 mercis, elle m'a offert un café (décidément il est écrit que je vais pas dépenser un rond aujourd'hui). Je suis ravie ! Encore une fois je me suis faite appeler "ange du camino"… Mes ailes poussent !
Tout le village défile depuis ce matin, l'humeur est au beau fixe, la télé ne parle que de la victoire éclatante de l'Espagne… Voilà, pour le moment, les nouvelles depuis le meilleur endroit pour se poser une journée. Moitié du camino, et voici que j'achève mon premier carnet Moleskine. J'en ai deux… Si c'est pas de la précision ça… xxx
- comments
mom ah!! mais dis don la!! (accent antillais) ma fille est une enjoleuse,et a de qui tenir mais quel tempéremment , la vie !! la vie à tout prix . Tu as raison . Pierre de ronsard l avait dit : " mignonne allons voir si la rose ..."On ne vit jamais assez . tendrement