Les 20 heures de train ont laissé des traces. Nous arrivons sur place passablement fatigués.

Seule anecdote prêtant à sourire au cours du trajet : la pathétique tentative de racket entreprise par le controleur du train auprès d'Agathe. A quelques minutes de l'arrivée, et avec un aplomb confondant, le fonctionnaire lui réclame la somme de 105 roupies. Quand Agathe lui demande la raison de cette amende "surprise", il campe fermement sur sa position, se contentant de répéter en boucle le montant à payer, comme un automate. Nous lui éclatons de rire au nez, avant qu'il ne se retire, la queue entre les jambes.

La ville est en effervescence. A quelques centaines de kilomètres se tient la Maha Kumbh Mela d'Allahabad, une fête religieuse exceptionnelle qui n'est célébrée que tous les 12 ans et à laquelle sont attendus plus de 100 millions de fidèles (!). L'apogée de l'évenement sera le "Main Bath", dans trois jours, pour lequel on prévoit une affluence de 40 millions de pelerins.

Cette surpopulation provisoire a un impact direct sur Varanasi, plus fourmillante encore qu'à l'accoutumée. Nous ne sommes pas mécontents d'arriver dans notre chambre d'hôtel.

Alors que le soleil se couche, nous partons nous promener sur les magnifiques "ghats" de la cité.

Varanasi - ou Benares - est la capitale de l'Uttah Pradesh, sur la rive gauche du Gange. La ville, dédiée à Shiva, est très fréquentée par les sadhus (ermites) et les pèlerins de tout le pays. Considerée comme la ville sacrée de l'hindouisme, elle permet à ceux qui ont la chance d'y mourir de sortir du cycle des réincarnations...

Partout, les hindouistes se purifient de leur péchés par une baignade dans le Gange ou par une "puja" (offrande). Le fleuve atteint ici son niveau de pollution maximal.

Une Puja géante est pratiquée sur le Dasaswamedh Gath en début de soirée. Superbe.

Nous entamons la journée suivante par un passage dans une German Bakery. Nous y rencontrons un groupe d'Espagnols qui, comme nous, prévoit de se rendre à la Kumbh Mela pour les cérémonies du 10 février. Détail inquiétant : ils ont réservé leurs tentes plusieurs mois à l'avance, au prix de 150 euros par nuit ! On dit qu'il est impossible de trouver un logement sur place. Nous verrons bien.

Après le petit déjeuner, nous longeons la rive du Gange vers le nord en direction du principal bûcher crématoire.

A distance respectable, nous assistons à la crémation d'un corps, autour duquel est rassemblée une partie de la famille du défunt. Les femmes sont interdites dans la zone proche du bûcher afin d'éviter les lamentations ou, plus grave, le "dati" (immolation volontaire).

Nous rebroussons chemin, jusqu'à l'extrême sud de la cité. La promenade le long des ghats est de toute beauté.

Les buffles sont lavés par de jeunes adolescents, à quelques mètres des baigneurs. Plus loin, un homme confectionne de petites galettes en manipulant leurs excréments.

Ces galettes de bouse, une fois séchées, sont utilisées comme combustibles.

Nous dînons à l'hotel et nous endormons rapidement en prévision du réveil à l'aube du lendemain matin.
Le réveil sonne à 6h du mat pour le grand classique de Benares : la balade sur le Gange le long des ghats, au lever du soleil.
Nous trouvons une embarcation près de l'hôtel.
Comme le veut l'usage, nous sacrifions quelques roupies pour une offrande au fleuve.
Nous passons une heure sur le Gange à profiter de l'atmosphère mystique des lieux.

Il faut quitter la ville et prendre le train pour Allahabad et la Kumbh Mela. Notre logeur nous parle d'une association caricative locale qui proposerait des tentes de dernières minutes. Nous parvenons à rencontrer la gestionnaire de l'assoce qui, d'un coup de téléphone, nous réserve un emplacement pour 1000 roupies seulement (13 euros)

Il ne reste plus qu'à rejoindre les lieux. Comme nous l'imaginions, une foule immense a envahi la gare de Benares. Le train à destination d'Allahabad a 5h de retard.

A l'arrivée du train en gare, c'est la ruée vers les wagons. Nous jouons du coude et parvenons à rentrer dans un compartiment, avec l'aide d'un petit groupe d'Indiens qui nous aide à trouver une place assise.

Le trajet est un supplice mais l'excitation l'emporte sur le reste : nous sommes en route pour la Kumbh Mela 2013, le plus grand rassemblement humain du monde !