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Derniers petits luxes avant l’austérité du pèlerin. J’ai pris un taxi jusqu’à Montparnasse. Le hasard
n’existant toujours pas depuis là dernière fois que j’ai regardé, le chauffeur de taxi était laotien. Nous avons discuté de son pays, de mes aventures là-bas il y a quelques mois. Sans lui confier tout de même, j’ai pu saluer intérieurement le clin d’œil de mes petits anges : c’est au Laos que j’ai pris la décision de me remettre en condition physique. Même si cette résolution a été suivie par un relâchement total de la volonté et des chairs (par relation de cause à effet), la première évocation de Compostelle m’a semblé alors une évidence… Le Laos m’avait révélé la sérénité de marcher longtemps en pleine nature, la fierté de l’effort physique fourni, le bonheur masochiste de la douleur, bref, un amour découvert tardivement chez moi, l’urbaine classique en mid-life crisis…
Cette première évocation de Compostelle comme chemin possible pour moi est aussi un de ces magnifiques cadeaux des anges que d’aucuns appellent le « hasard »…
Christophe et moi nous sommes retrouvés sur Facebook après 22 ans sans contact. Nous étions au lycée ensemble à Garaison dans le sud de la France et j’étais, comme beaucoup de filles de l’école, totalement dingue de lui. Le superbe adolescent est devenu un homme magnifique, dedans comme dehors et nos retrouvailles furent émouvantes. Retrouvés virtuellement en décembre, nous pouvions nous donner l’accolade en mars quand je me rendis à la Réunion à son invitation.
Le timing de nos retrouvailles me fait définitivement écarter la théorie du hasard : Christophe a tourné un documentaire sur la Réunion et son mythique chemin de grande randonnée, « la Grande Traversée », le GR-R2. Il ne connaît rien à l’audiovisuel et son business. Ca tombe bien : c’est mon métier depuis 12 ans… Quant à moi, je suis en quête de je ne sais quoi, en abandon choisi de mes repères et de mon confort, SDF et chômeuse, à côté de mes pompes… Pas malheureuse du tout mais parfaitement paumée, sans projet précis, sans destination arrêtée, sans désir impérieux d’une chose en particulier si ce n’est – encore et toujours – un bébé.
Mais ceci est une autre histoire.
Et la réponse à mes innombrables questions fut simple et nette : Christophe m’a fortement suggéré de « faire Compostelle »… Et ça tombe bien : la marche au long cours, c’est son métier à lui… Quand il sera édité (il le sera, ce livre est trop bien écrit et trop passionnant pour qu’aucun éditeur ne tente l’aventure), procurez-vous « le Dragon du Nord » de Christophe Castillon ; l’histoire de sa marche de 2000 Km sur les crêtes suédoises et norvégiennes durant l’hiver polaire lapon… en solitaire et sans assistance…
Bref, nos retrouvailles furent merveilleuses : non seulement notre entente était la même que 22
ans plus tôt, complices comme cochons, espiègles, de vrais sales mômes, mais elles nous font également avancer chacun dans nos projets / quêtes respectifs. Merveilleux Chris, je te salue bien bas…
x-x-x
Je suis donc dans le TGV, quelque part entre Paris et Bordeaux. Mon sac à dos fait 14 Kg. Chris va m’engueuler. J’ai, c’est sûr, pris du superflu. Nous verrons bien !
Je voyage en première. Je me demande si c’est bien là mon dernier luxe avant longtemps. A voir… Ironiquement, je souris de voir ce TGV circuler, moi incluse, à une centaine de fois la vitesse qui va être mienne ces prochaines semaines. Faire en une journée ce que l’on parcourt habituellement en un quart d’heure sur l’autoroute. Eloge de la lenteur. Réconciliation avec « le bruit et l’odeur ». Vie simple, basique. Blog analogique.
Le départ c’est maintenant. J’en rêve depuis des semaines. Maintenant que j’y suis, une légère
peur m’assaille : celle de l’échec, de l’abandon. Je vais tester ma résistance et mon désir de me dépasser. Hâte. Peur. Mais hâte. Mais peur…
- comments
mom comme tu décris bien les "choses" intérieures des êtres humains ,et comme je suis si fière de toi , car le "chemin" fût dur !!!!