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Peu de choses à dire sur ces deux derniers jours de brousse car... j'ai surtout fait de la contemplation, en voiture le quatrième jour (9 heures) jusqu'à Pakbeng et en bateau le cinquième (7 heures) jusqu'à Luang Prabang. Pas grand chose à dire donc, mais des images de paysages, de laotiens souriants, jusqu'à la fin de mes jours...
A noter tout de même : moi qui pensait que ce tranquille Mekong se naviguait tranquilou avec les pieds en faisant la sieste, je me trompais lourdement. Cette espèce de teigne est remplie de tourbillons, de bans de sable, de rochers. C'est de la VRAIE navigation et c'est pas demain que je vais m'improviser capitaine de bateau sur le Mekong...
Voici un très bel article sur ce fleuve nourricier dont l'avenir est menacé... http://www.deroutes.com/AV5/mekong5.htm
Je vous invite à le parcourir !
Donc je suis navrée de vous décevoir mais ce que j'ai vécu ne se raconte pas, cela se vit ! Avec ses yeux ! Pour vous donner une idée, j'avais très souvent des bouffées de bonheur, un peu comme si c'était trop beau pour moi, par moments. Vraiment, vraiment, ces paysages sont absolument majestueux.
Donc voilà.
Hehehe.
Frustrés ? :-))
Bon allez. Je vais vous dire d'autres trucs. Mais vous allez regretter que j'en aie dit davantage...
Les laotiens, comme les vietnamiens d'ailleurs (mais ils ont changé depuis plus longtemps) et les cambodgiens, et j'ai envie de dire 80% de la planète, ont toujours eu l'habitude, jusqu'à assez récemment, de vivre avec la nature. (j'en vois déjà quelques uns qui lèvent les yeux au ciel). Et oui ! Des maisons en bambous, avec toit en paille, des ustensiles en bois, en bambou, en métal, des récipients de même nature et ils transportaient le tout dans des paniers de bambous ou, pour les petites choses ou la nourriture, dans des feuilles de bananier. Ils mangent avec des baguettes, des cuillers en bois, à même la feuille de bananier ou encore dans des plats en bois. Pas d'électricité, pas besoin. Pas de moteurs, pas besoin. Les vêtements sont en coton, en soie, en chanvre, faits par eux même.
Et puis ensuite, on est arrivés. Et là, tout a changé. Ils ont découvert la pollution. Ils n'ont pas encore nécessairement compris que jeter un sac plastique dans le Mekong signifie que ce même sac plastique finira en mer de Chine et ne se sera pas biodégradé entre temps. Pas comme une feuille de bananier quoi.
Aujourd'hui, comme nous (et je vois pas pourquoi ils n'en profiteraient pas un peu aussi), ils ont des voitures, des tracteurs, des motos, des canettes de bière, des sacs plastiques, des téléphones portables, des antennes paraboliques, des télés, de l'air conditionné et... Des touristes.
Des touristes comme moi qui sont admiratifs de leur vie, de leurs traditions, de la beauté de leur pays, mais qui déplorent la façon dont cela se dénature. Et oui. Nous on quitte notre occident pour du dépaysement et on se lamente d'y retrouver l'occident.
"quand les gros seront maigres, les maigres seront morts" me disait souvent mon père, quand il était gros :-). J'ai envie de transposer : si nous on va au Laos parce que ce pays est splendide, où iront les laotiens quand leur pays aura fini d'être pourri (un peu comme le Vietnam aujourd'hui) par nous et notre "culture", notre soit-disant "civilisation" que le monde entier nous envie ?
J'aimerais qu'ils comprennent que si nous venons ici, c'est parce que c'est sublime ici. Et que s'ils deviennent comme chez nous, non seulement on ne viendra plus... mais ils auront perdu une chose magnifique. Malheureusement, ils ne peuvent pas s'en rendre compte, je crois, parce que le Laos, c'est tout ce qu'ils connaissent. Et pour eux c'est ça qui est normal. Et que leur pays évolue vers des standards occidentaux, c'est bien. Cela ne peut être que bien. Non ?
Je revois le regard peiné de Chanthavong qui ne trouvait plus, ou presque plus de mamies en costume traditionnel dans les villages... Et de me dire, tristement : "Les choses changent vite... Elles le portaient encore l'an dernier"
La proximité de la Chine n'arrange rien. Je me suis trouvée à 4 Km de la frontière chinoise, au plus près. Et partout les magasins de motos, de téléphones, d'ordinateurs, de télévisions, d'antennes paraboliques, de tracteurs chinois fleurissent. Toutes les merdes en plastique que les chinois produisent à tour de bras, elles sont sur tous les marchés. Les hôtels chinois fleurissent dans la région.
J'ai ri... Chanthavong, à plusieurs reprises, me pointe du doigt des types et me dit "des chinois". Moi, de lui rétorquer au bout d'un moment : ils ont des traits différents des laotiens ? (enfin des indices pour les différencier...) et lui de me répondre : non, les fringues. :-)
Après ce petit laïus déprimant, je retourne à mon activité préférée Luang Prabangaise : la rien branlitude, entrecoupée de massages et de shopping... J'en chie.
Bises
Nadege
- comments
gil7429 Pas très gai ton dernier article. J'ai ressenti la même chose à Phnom-Penh, mais surtout aux environs proches. Lost paradise ? mais pour qui ? Bien sûr le monde évolue vite, trop vite peut-être. Je suis très partagé sur ce sujet, mais la façon dont tu le traites évite les clichés, les "donneurs de leçon", y'a qu'a, faut qu'on etc ... J'en retiens surtout la sensibilité qui transsude de tes lignes. Bisous
nadegeb72 Pas très gai mais pas très triste non plus ! Pourquoi ne retenir que mes considérations philosophiques de comptoir ? J'ai passé un merveilleux moment dans ces brousses paumées, une journée magique sur le Mekong et j'ai eu ma dose de sourires et d'eclats de rire d'enfants pour des années... What else ?
Celine Les chinois, tu les reconnais aussi très vite au fait qu'ils sont tout de suite moins sympas (vrai à toutes les frontières birmanes, laos...). Et pour finir de les adorer, parle avec les captains laos de ce que font les chinois avec le Mekong... Allez heureusement qu'ils nous ont laissé une culture d'une richesse et d'une profondeur incroyables et que je suis une dingue de taichi et du Yi King.. Bisous et bon kiffe dans l'Asie des rivières